En des glyphes formels, ici, le Geste épouse la Parole.

En un Geste hésitant, ici, le signe opère sur le nombre comme sur le monde.

Voici un lieu du verbe en acte, théâtre de la construction du sens par la forme...

Un terrain de jeu de la mathématique, connaissance élaborée par opposition à l'expérience reçue...

...Et c'est aussi le site de classe de la MP* du lycée Chaptal !



Pages blanches ~Tableaux noirs~


Cette aube palissant, il y a beaucoup de pages vides ou presque sur ce site.
Mais non, gravides (En gestation, donc ?)

Selon l'usage, je ne devrais pas les publier, les mettre au jour avant de les noircir.
Mais elles m'obligent. Ce sont des promesses, faites à vous et au vent, car c'est ainsi que j'avance, me tenant de promesse en promesse.

 

C'est un rituel conjuratoire de mon immense paresse.
Mais aussi, surtout, ces pages ont été écrites :
ce sont des tableaux noirs effacés, ou plutôt des tableaux noirs entièrement recouverts de craie blanche .
Tant gravé(e)s inscrit(e)s gratté(e)s réécrit(e)s que plus rien ne s'y discerne ni jour ni nuit, et qu'il me faudra démêler les mots des ratures, fouiller les oublis, pour laisser réapparaître les traces d'effleurement de la plume et de la craie.

J'aime le tableau noir.
D'année en année, la craie me dévore la peau des mains, et on me dit souvent que je devrais faire cours sur transparent, ou au feutre, sur une lame de plastique. Impensable.
Sur le tableau effacé où je commence un cours, il reste des traces de sel, tout a commencé bien avant le début.
J'écris sur un mur avec un morceau de calcaire, falaise contre falaise, coquillage sur ardoise.
Avec un bout de bois laissé par le reflux sur la plage, j'écris : \(\overrightarrow{F}= -G\frac{m_1m_2}{r^3}\cdot\overrightarrow{r}\).
C'est la loi Newtonienne de la gravitation universelle, qui dicte la marée (prenez-la en note), qui effacera le texte de la loi : rien n'est écrit.

 

 

Ailleurs, une autre fois, je vous raconterai en détail le «paradoxe du ciel noir» (promis !).

Ainsi va la connaissance réelle : fascination du ciel noir, étoiles immobiles, lenteur infinie, puis le jour, récit, théorie, explication, modèle, bruit...
Et la nuit est à nouveau là, plus intense, plus inexpliquée encore, plus incompréhensible par le jour qu'avant.
Mais la physique, la mathématique a joué son rôle primordial : non pas d'éclairer, mais entre deux nuits, maintenir le mystère à la lumière du jour.

Le cours s'achève, le récit s'éteint, j'efface le tableau. Il y reste des poussières d'étoiles.

-------------- ...je le vois, ce jour hors duquel il n'est rien.
--------------...et ce jour s'effaçant, je m'effacerai avec lui, pensée, certitude qui me transporte.

(Maurice Blanchot, in «La folie du jour»)


(Promesse=prémisse=prae missia : premières phrases (d'un raisonnement) dont toutes les autres découlent.)


Depuis avril 2011, je pleure des larmes de pierres.
Je me suis brûlé les cornées au feu de lune, la craie déssèche mes yeux, et pour ne pas perdre la vue, j'ai du renoncer au tableau noir.
Je dois écrire sur un suaire en vinyle, ou la pensée glisse sans s'incruster, c'est une désolation.
Ce site m'est donc d'autant plus précieux qu'il devient un substitut d'ardoise où graver l'éphémère...

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Un coup de dés...

« Ayant été obligé de garder la chambre pendant quelques jours, et même occupé à faire des observations sur mes deux horloges de la nouvelle fabrique, j’en ai remarqué un effet admirable, et auquel personne n’aurait jamais pu penser. C’est que ces deux horloges étant suspendues l’une à côté de l’autre, à la distance d’un ou deux pieds, gardent entre elles une justesse si exacte, que les deux pendules battent toujours ensemble, sans jamais varier. Ce qu’ayant fort admiré quelque temps; j’ai enfin trouvé que cela arrivait par une espèce de sympathie: en sorte que faisant battre les Pendules par des coups entremêlés, j’ai trouvé que dans une demi-heure de temps, elles se remettaient toujours à la consonance, et la gardaient par après constamment, aussi longtemps que je les laissais aller. »

Christian Huyghens.